Au centre de premier accueil Emmaüs de la porte de la Chapelle, à Paris, un soir d’hiver, Zaman – un jeune Afghan arrivé en bermuda et en tongs après avoir marché seize mois depuis Kaboul – a demandé, si par hasard, dans le tas de tennis usagées qui lui étaient présentées, il n’y aurait pas plutôt une paire de baskets « pas moches », des sneakers… comme celles de Jay-Z. Le projet est parti de là .
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C’est sur cette question simple que l’exposition porte son regard. Quel rôle joue leurs vêtements ? Ces vêtements qu’ils portent et qui ont appartenus à d’autres. Ce qu’ils représentent pour eux. En quoi ils dénoncent, en quoi ils trahissent, en quoi ils protègent (et pas juste du froid et de la pluie). Afghans, Soudanais, Erythréens, Maliens, Guinéens,… la plupart de très jeunes hommes, chacun a choisi une tenue parmi les vêtements de seconde main proposés, chacun a ensuite pris le temps d’expliquer son choix. Pourquoi ces chaussures, pourquoi cette forme de pantalon, cette couleur de veste.
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Puis deux photographes, Frédéric Delangle et Ambroise Tézenas, ont réalisé leur portrait. Une cinquantaine de photos « à la chambre ». Des moments intimes, parfois drôles, parfois graves.
Un film de 2’51’’ a été réalisé par Sylvain Martin pour présenter la démarche singulière de portraits sur la question des vêtements et de ce qu’ils représentent pour les exilés.
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« Des sneakers comme Jay-Z » a été successivement présenté au Festival Circulation(s) du 104, exposé cet été aux Rencontres d’Arles (Fondation Luma) , en octobre à la Quinzaine Photographique Nantaise, puis au festival Freestyle 2018 de la Villette en décembre (La Grande Halle).Â
Le projet a reçu le Premier Prix au OOSHOT Award et une Mention Spéciale au Prix de la Photo Caméra Clara pour Frédéric Delangle & Ambroise Tézenas.
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Un catalogue de 60 pages a également été réalisé au format tabloïd. Il est vendu 10 euros au profit d'Emmaüs Solidarité.Â